lundi 4 novembre 2019

C comme... comptez-vous !

Une des sources que j'affectionne particulièrement est la liste nominative de recensement de la population. En plus de donner le nombre d'habitants d'une commune, adresse par adresse, elle nous renseigne sur la composition des foyers, la profession des habitants et permet aussi de suivre précisément nos ancêtres d'une liste de recensement à l'autre.
Les hasards de la vie ont fait qu'aujourd'hui je travaille à l'Insee, qui est l'acteur du recensement moderne avec les communes. Depuis 2004, la France effectue un recensement annuel d'une partie de la population et, par de savants calculs, établit une estimation proche de la réalité. Cela permet aux institutions d'adapter leur occupation du territoire (nombre adapté de tribunaux, d’hôpitaux, de pharmacies, de conseillers municipaux, etc.).
Avant l'ère moderne
La principale motivation des dirigeants (rois, empereurs ou présidents de la république) a toujours été de connaître le nombre d'individus soumis à leur pouvoir, que ce soit pour lever un impôt, former une armée ou autre. Même si cela a existé bien avant, c'est seulement sous François Ier que l'enregistrement des naissances, mariages et décès fut rendu obligatoire. Il prescrivit aux curés de tenir registre des baptêmes (édit de Villers-Cotterêts, 1539). L'ordonnance de Blois de 1579 fit de même pour les mariages et enterrements. Un nouveau recensement des feux (= foyers) et des paroisses fut fait sous Charles VIII à la fin du XVe siècle. Sous le règne de Louis XIV, à la fin du XVIIe siècle, un essai de recensement général fut tenté pour toute la France mais, faute d'instructions suffisantes, les résultats furent de nature et de qualité diverses : certains intendants comptèrent les feux, d'autres les habitants ; certains fournirent des résultats complets, d'autres des résultats partiels.
Au XVIIe siècle, Vauban estima la population du royaume à 19 millions d'habitants au tout début du XVIIIe siècle.
Et après ? 
C'est Bonaparte qui mit en place le premier recensement de l'ère moderne, en 1801, qui établit la population française d'alors à 33 millions d'habitants. À partir de cette date et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, un recensement (ou équivalent) sera effectué tous les cinq ans. Depuis 1946, les recensements de la population française ont eu lieu à intervalles irréguliers en 1954, 1962, 1968, 1975, 1982, 1990 et 1999. À partir de 2004, le recensement redevient régulier comme je le disais en début de cet article.

Depuis que les listes nominatives de recensement sont accessibles sur Internet (sur les sites des archives départementales, c'est gratuit), je ne peux plus m'en passer. Si la recherche est parfois fastidieuse, elle permet de deviner un peu mieux le contexte de vie de nos ancêtres. Plus la population est nombreuse et plus le registre a de pages. On peut rapidement y voir si l'individu vivait seul, ou s'il cohabitait avec plusieurs générations. S'il hébergeait un proche ou s'il logeait chez un parent. En couplant la liste avec des outils de cartographie, on peut aussi se rendre compte de la situation géographique, l'éloignement du bourg, des champs, de la grande ville et tout l'environnement.

Ci-dessous, le recensement de 1936 pour la commune d'Avoine (37). On y retrouve Georges, Zéna et les enfants, route de Huismes, dans le bourg. On voit qu'ils y vivaient tous les 6, sans autre cohabitant. Vous pouvez agrandir en cliquant sur l'image.


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