samedi 11 novembre 2023

J comme... Je me souviens

En faisant nos recherches généalogiques, on découvre nos ancêtres et certains aspects de leur vie, mais je garde bien en mémoire que ce n'est qu'une façon réductrice de les connaître. Comme j'ai commencé jeune (15 ans), ça fait un moment que je cherche et que je trouve ! Pour varier les plaisirs, j'ai pris les monuments aux morts de quelques communes, pour remonter l'arbre des hommes qui y sont honorés. Ils sont morts pour la France, ils sont tombés pour notre liberté. Souvenons-nous d'eux.

J'ai aussi contribué à différents travaux collaboratifs, jusqu'à en initier un. Il n'est pas lié à ma famille, mais il me tenait à coeur par ce que je ne peux pas croire que ma famille n'a pas été touchée de savoir qu'un tel drame est arrivé tout près. Je parle ici du massacre de Maillé. Aujourd'hui, on commémore l'armistice de 1918, mais aussi les victimes et les anciens combattants de tous les conflits. Alors aujourd'hui, je me souviens des 124 civils morts sous la haine de quelques Allemands le 25 août 1944. Ils avaient entre 3 mois et 89 ans. Certains ont été tués à bout portant (y compris dans leur landau), d'autres ont été fusillés en rang. Et pendant des décennies on n'en a pas parlé. Le choix a été fait de tout nettoyer et de reconstruire le village. Il a bénéficié de l'arrivée du tout à l'égoût et de la modernité des années 1950. Un couple de riches Américains a offert tout ce qu'il a pu pour rendre aux habitants survivants un confort de vie. Ils ont acheté des tracteurs, de la vaisselle, des vêtements, des couvertures et des livres. Ils ont offert aux enfants survivants un voyage à Paris en 1949. 

Je me souviens de chacun des noms des victimes décédées ce jour-là. J'ai recomposé les familles avec l'aide de quelques autres bénévoles, et en lien avec la Maison du Souvenir qui oeuvre chaque jour pour qu'on n'oublie pas ce que qui s'est passé dans ce village de Touraine, le même jour que la libération de Paris. J'ai même été contactée par des descendants pour compléter certaines informations. Et puis j'ai aussi lu des témoignages. J'ai pu ajouter des photos de ces sourires qui ne sont plus. Et les derniers témoins s'éteignent chacun à son tour. 

Souvenez-vous avec moi en interrogeant la base que nous avons montée sur Geneanet. Vous y trouverez des gens du cru, des réfugiés qui ont voulu échaper aux bombardements de Paris et de Tours, vous y trouverez des Mosellans qui ont préféré se mettre au vert quand on leur a demandé de quitter leur région frontalière. Le sort en a décidé autrement : ils ont péri en Touraine, dans cette campagne paisible.

Vous y trouverez des résistants, sans qu'on sache encore aujourd'hui s'ils étaient coupables d'actions qui auraient pu expliquer cette réaction terrible. Vous y trouverez l'abbé PAYON, curé qui a pu entrer dans le village juste après le massacre et qui a écrit son témoignage. Vous y trouverez également son précedesseur, l'abbé PÉAN, qui était aussi résistant mais qui a été torturé par la Gestapo 6 mois avant le drame. 

Un massacre parmi tant d'autres, certes, mais un massacre intervenu au coeur de la Touraine agricole le 25 août 1944. N'oublions jamais.

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